La distinction entre l’agriculture traditionnelle d’autoconsommation et l’agriculture commerciale est une des clés de lecture principales des réalités agricoles du Nevado. En effet, tous les petits agriculteurs enquêtés produisent pour la consommation familiale et ne vendent soit pas du tout, soit seulement à la marge, dans les rares cas de surplus ou ceux, plus courants, d’un besoin urgent de liquidités. Ainsi, dans les magasins d’alimentation enquêtés, les commerçants s’approvisionnent aux marchés de gros de Toluca et de Mexico DF, eux-mêmes approvisionnés par l’agriculture commerciale.
Les agriculteurs qui sont dans une logique commerciale répartissent en effet leur production entre l’exportation, en particulier vers les États-Unis où la vente se trouve facilitée par l’ALENA qui est à l’origine de dispositifs comme la certification Senasica, et le marché national. Un des agriculteurs enquêtés vend ainsi ses tomates sur le marché national, car il n’est pas assez compétitif à l’exportation face aux géants de la tomate de l’État de Sinaloa tandis qu’il réserve ses poivrons pour l’exportation, parlant d’un « marché de nostalgie » concernant les expatriés mexicains qui vivent aux États-Unis.
L’
élevage avicole est un des cas où l’opposition entre agriculture d’autoconsommation et agriculture commerciale est la plus marquée. Les volailles sont nombreuses dans les localités rurales, où beaucoup de familles en possèdent quelques-unes pour la production d’œufs et la consommation occasionnelle, en particulier festive, de viande. Malgré ce petit élevage omniprésent, les très nombreuses « pollerias » (magasins spécialisés dans la viande de poulet) s’approvisionnent majoritairement auprès des grands élevages en batterie des États de Guadalajara, Monterrey et Jalisco.