Cette agriculture commerciale, extravertie et rentable, est encouragée par les pouvoirs publics. C’est sur elle que se concentre la majorité des programmes d’aide à l’agriculture menés tant par la SEDAGRO (échelon étatique) que la SAGARPA (échelon fédéral), l’objectif étant d’atteindre des rendements comparables aux producteurs les plus rentables du pays.

Des aides à l’agriculture très sélectives

Une agriculture traditionnelle peu subventionnée : aides agricoles ou aides sociales ?

Les agriculteurs de l’aire protégée et de sa périphérie peuvent recevoir les aides de deux organismes principaux, situés à deux échelons administratifs différents : la Sagarpa à l’échelon fédéral, et la Sedagro à l’échelon de l’État de Mexico. Avant la recatégorisation, en théorie, la Sagarpa et la Sedagro n’étaient pas autorisées à soutenir l’agriculture dans les limites du parc, mais l’attribution des aides s’effectuait en fonction du municipe et non de la localisation au sein de celui-ci, si bien que les programmes contournaient cette interdiction.

Les programmes d’aide à l’agriculture de ces deux organismes s’adressent à des agriculteurs déjà productifs (voir la figure à gauche ci-dessus) et concernent donc peu les agriculteurs du cœur du parc, où domine une agriculture traditionnelle peu productive. En revanche, les agriculteurs situés à la limite du parc, notamment ceux des zones est et sud-est, peuvent en profiter. Ceux qui possèdent des terres à la fois en dehors et dans les limites du parc peuvent jouer sur cette ambiguïté en demandant des aides pour leurs terres hors parc, évitant ainsi le risque de se les voir refuser pour des questions de contraintes statutaires.

Que ce soit au cœur du Nevado ou dans ses périphéries, les politiques d’aide à l’agriculture de la Sagarpa ou de la Sedagro peuvent entrer en contradiction avec les politiques menées par les institutions en charge de la protection de l’environnement sur le même terrain. L’institution étatique, la Cepanaf, ainsi que les deux commissions de l’institution fédérale Semarnat – la Conanp et la Conafor – mènent une politique de réduction de l’agriculture en faveur de la reforestation, entretenant ainsi une conception de la protection de l’environnement où l’agriculture est considérée comme élément perturbateur et la forêt comme le seul moyen d’assurer la régénération de milieux dits « naturels ».

Avec la recatégorisation, de nouveaux liens sont tissés entre ces deux types d’institutions qui travaillent sur des politiques cohérentes qui permettent d’intégrer les deux aspects de la gestion de l’espace dans le Nevado. La Sagarpa et la Sedagro se tournent vers une politique de formation aux agriculteurs afin de promouvoir des types de production plus respectueux de l’environnement. Le programme Promaf propose par exemple une subvention que l’agriculteur ne peut toucher qu’à condition de suivre une formation de 7 mois sur les techniques de production d’engrais biologiques et l’utilisation en semences sélectionnées. Pourtant, cet effort ne répond pas encore aux besoins des agriculteurs de la zone : les industries phytosanitaires sont plus présentes que la Sedagro en termes de formation et d’encadrement dans le Nevado. Cette situation met l’agriculteur dans un rapport de dépendance vis-à-vis du savoir de l’ingénieur dont les conseils peuvent être biaisés par les intérêts de la firme qu’il représente.
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