Quel avenir pour l’activité minière sur le Nevado ?

La récupération des sites est possible

Les mines abandonnées sont dans un état fortement perturbé. Elles constituent une pollution visuelle et ont surtout des effets néfastes sur l’environnement (eau, faune, flore).
Dans la localité de « Santa Cecilia », à la limite du parc, une vaste zone d’extraction de sables et graviers identifiée en 2006 a été restaurée sur une partie de sa superficie et la végétation en 2012 y semble avoir récupéré ses droits.
La récupération de ces espaces dégradés est donc possible. Mais à quel coût ? Les ferrailles d’outils et machines abandonnées doivent être enlevées, les excavations doivent être comblées, la terre végétale rapportée, des espèces végétales réintroduites. Si la réhabilitation de la mine de Santa Cecilia a valeur d’exemple, elle n’est malheureusement pas reproduite sur les autres sites miniers. Et du fait de la multiplication des sites d’extraction, les besoins pour des programmes de réhabilitation vont être énormes.

Les discours sur l’avenir de l’activité minière sur le Nevado sont contradictoires

Le décret du 25 janvier 1936 portant sur la création du parc du Nevado, et sa modification de février 1937, étaient explicites en ce qui concerne les activités minières : « Dans la zone centrale du parc (...) et dans la zone d’amortissement (…) il est interdit (…) d’ouvrir des carrières et d’extraire des matériaux de construction ». Or, malgré ce cadre législatif, l’activité minière s’est développée dans le parc et la mobilité de ces activités illégales rend de plus en plus difficile tout contrôle par les autorités.
En octobre 2013, juste après la parution du décret modifiant le statut du parc, la presse relatait la fermeture définitive par le bureau du Procureur environnemental de l’État de Mexico (Propaem) de la carrière de sables et graviers « El Durazno », située à El Rosario dans le municipio de Calimaya. Des sanctions économiques étaient même prises à l’encontre de l’entreprise, destinées à payer les travaux de restauration des 1,3 ha que couvrait la mine.
Le procureur annonçait que des mesures de ce type seraient prises à l’encontre d’autres mines situées dans les municipios de Tenangodel Valle, Almoloya de Juárez et Toluca. Mais il précisait : « (ils) ne peuvent maintenant exploiter sans un permis d’impact environnemental ». L’extraction minière ne serait donc pas formellement interdite, mais soumise à des autorisations administratives. C’est là une ambiguïté du nouveau décret de création de cette aire naturelle de protection de la faune et de la flore. L’incertitude sur l’avenir de l’exploitation minière sur le Nevado est maintenue. Le « Plan de Gestion » qui accompagne le décret prévoit en effet que cinq mines fonctionnant de manière illégale seront « encadrées » ; mais leur fermeture n’est pas envisagée avant un délai d’au moins 5 ans. Et le Plan parle de « reconversion » ou de « diminution » des activités extractives.
De fait, tout est possible. En novembre 2013, Animal Político, un journal électronique d’information politique, affirmait : « il y aura des tolérances pour l’activité minière dans le Nevado de Toluca ». Mais en mars 2014, le Secrétaire de l’Environnement (SEMARNAT) contredisait catégoriquement : « toutes les mines situées dans le parc devront fermer ». En aout 2014, Animal Politico précisait à nouveau : « les mines de graviers, sables et tepojal qui étaient clandestines pourront à présent continuer leur activité de manière légale, au moins durant 5 ans. Il n’est pas établi de fermeture de ces mines, mais la création à long terme d’un programme d’atténuation (des impacts environnements) et de compensation (des exploitants) ». La CONANP prévoit ainsi de créer un « programme spécifique qui incite les exploitants à arrêter de manière volontaire leurs activités dans la zone du parc ».

L’avenir de l’activité minière sur le Nevado n’est donc pas encore écrit. Il est probable que les exploitants, et en particulier les 15 entreprises d’extraction de tepojal et de construction de blocs allégés, exercent une forte pression pour que cette activité lucrative ne soit pas condamnée. Et s’ils devaient poursuivre dans l’illégalité comme c’était aujourd’hui le cas, leur mobilité et leur rapidité d’intervention constitueraient sans doute pour l’administration mexicaine une difficulté majeure pour exercer un contrôle efficace sur le Nevado.

Restauration d’un site d’extraction dans la localité de Santa Cecilia entre 2006 et 2012



Extrait du journal Animal Politico en aout 2014

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