Le constat général est celui d’une insuffisance des ressources et des revenus issus de l’agriculture. Les récoltes ne sont pas forcément suffisantes en quantité, ce qui rend la recherche de compléments alimentaires nécessaires pour combler les déficiences de ce type d’agriculture. Par ailleurs, la vente des produits agricoles est très peu développée, et les cultures choisies ne sont pas forcément rentables. Les populations sont donc confrontées à un manque de liquidités qui les obligent à rechercher des activités complémentaires.

À la recherche de revenus complémentaires


La nécessité des compléments alimentaires

Les programmes d’aide à l’agriculture commerciale

Ménages qui collectent des champignons et du bois de chauffage

Une agriculture précaire très peu subventionnée


L’agriculture traditionnelle est très peu subventionnée. Il existe peu de programmes adaptés au type d’agriculture qui règne dans le Nevado : la plupart sont pensés à l’échelle du municipe, alors que le Nevado est partagé entre dix municipes différents et ne représente qu’une superficie minime pour chacun d’eux. Aussi n’existe-t-il pas de programmes spécifiques pour la production de la pomme de terre, pourtant très présente dans le Nevado. 

Le programme Procampo a été initialement pensé pour les producteurs de maïs, suite à l’ouverture du marché aux importations américaines. Il a depuis été étendu aux autres cultures, mais la liste des bénéficiaires est restée la même, et ce sont encore les producteurs de maïs qui en bénéficient. Par ailleurs, le montant des subventions attribuées est proportionnel à la superficie cultivée : les grands propriétaires sont donc favorisés. Ceux-ci tendent à entrer dans une logique de rente pour ne pas perdre le droit aux subventions de Procampo : les propriétaires en viennent à louer leurs terres de manière informelle, de façon à les maintenir cultivées tout en continuant à toucher les aides.

Les producteurs de l’agriculture traditionnelle peuvent également toucher les aides du programme Progan : celui-ci attribue une aide à l’élevage ovin par tête de bétail, pour des troupeaux de 25 têtes minimum, ce qui correspond à la réalité des éleveurs dans le Nevado. Néanmoins, un tel programme d’aides entrait en contradiction avec les politiques de protection de l’environnement menées par la Semarnat, tournées vers la promotion de la forêt et la réduction de l’élevage ovin considéré comme une pression sur le milieu naturel. Pour répondre aux attentes de la Semarnat, la Sagarpa a exigé que pour chaque subvention par tête touchée dans le cadre de Progan, 30 arbres devraient être plantés. Ce critère supplémentaire semble éloigné des préoccupations des éleveurs ovins et complique l’accès au programme, déjà limité par la nécessité de réunir l’ensemble des documents administratifs requis. Parmi les éleveurs que nous avons interrogés, aucun ne touchait les aides de Progan.

Procampo et Progan sont les deux seuls programmes proprement agricoles qui peuvent éventuellement concerner les tenants de l’agriculture traditionnelle. Ce sont ensuite d’autres secrétariats qui sont chargés d’élaborer des programmes qui sont destinés à alléger une situation socio-économique précaire plus qu’à permettre le développement d’une activité productive : c’est le cas des aides sociales délivrées par la Sedesol. Ces aides sociales sont considérées par les ménages qui les touchent comme un revenu d’appoint, qui ne se substitue pas à une activité professionnelle : le montant de l’aide attribuée par le programme 70 y más n’équivaut pas à une pension de retraite, ce qui suppose pour les personnes âgées qui en bénéficient de continuer à travailler.
La Sedatu se situe à la croisée de ces deux types de programmes : le secrétariat est chargé de promouvoir l’équité territoriale et d’apporter un soutien aux territoires marginalisés. Le Nevado de Toluca, en tout cas sa zone centre, peut clairement entrer dans cette catégorie. Les programmes FAPPA et Vivienda Rural permettent de penser un soutien à plus long terme et de réaliser certains investissements nécessaires au lancement d’une dynamique productive. Mais les habitants du Nevado sont peu nombreux à bénéficier de ces programmes, parfois par manque d’information, parfois du fait de la difficulté de rassembler les documents nécessaires.

Vendeuse de rue à Coatepec Harinas, avocats et autres légumes verts

Un programme social : « Sin Hambre »

Au Mexique, une nouvelle politique de lutte contre la faim et la marginalisation sociale des populations pauvres a été définie en janvier 2013, elle prend le nom de « Cruzadanacional contra el hambre » (croisade nationale contre la faim). Il s’agit de la première mesure de politique sociale mise en œuvre par le président Enrique Peña Nieto pour son septennat (2012-2018).
Pensé pour s’inscrire dans le cadre du programme Faim Zéro de l’ONU, le programme concerne pour sa pre¬mière année 400 municipes, soit 7.4 millions de Mexicains en situation de pauvreté. Pour assurer au mieux la mise en œuvre du programme, le gouvernement a créé un programme, el Sistema National contra el Hambre — SIN HAMBRE (le Système national de lutte contre la faim) qui regroupe les différents acteurs du programme, et des banques alimentaires de redistribution. Cinq objectifs ont été définis ; ils visent des actions à court, moyen et long termes :
  • Assurer une alimentation et une nutrition adaptée aux Mexicains en situation d’extrême pauvreté, pré¬sentant des carences alimentaires.
  • Éliminer la dénutrition infantile sévère et améliorer les indicateurs de croissance des enfants
  • Augmenter la production et le revenu des paysans et des petits producteurs agricoles
  • Minimiser les pertes après la récolte et durant l’acheminement et la commercialisation des aliments
  • Promouvoir la participation communautaire

La tienda de Cuauhtemoc, de l’intérieur, participant au programme Sin Hambre


Le programme Sin Hambre, lutter contre la vulnérabilité des populations

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