Les risques naturels dans le Nevado de Toluca




L’étude d’un espace et de ses modes de peuplement ne peut se départir de l’étude des risques. C’est le cas pour l’Aire protégée du Nevado de Toluca, qui de prime abord peut nous apparaître comme un espace de montagne volcanique répulsif du fait de fortes contraintes naturelles et climatiques. Après une remise en contexte et une présentation de la notion de risque, on s’intéressera à la localisation des principales zones à risques dans le Nevado définies grâce au travail de terrain, tout en prenant en compte la notion de perception du risque par les habitants de cet espace spécifique.



À vos risques et périls !

Tout risque naturel est inhérent à un système territorial : ce dernier est pensé comme le produit des interactions entre une société et son environnement sur un espace donné. On connaît bien sûr la dichotomie traditionnelle entre l’aléa comme processus physique source du danger, et la vulnérabilité comme propension de l’enjeu à subir un endommagement. Les risques « naturels » se rapportent ainsi à des aléas qui font intervenir des processus naturels variés : atmosphériques, hydrologiques, géologiques ou géomorphologiques. Le risque naturel se situe ainsi à la croisée entre, d’une part, un ou plusieurs aléas, et, d’autre part, la vulnérabilité d’une société et/ou d’un territoire qu’elle occupe. L’aléa ne devient un risque qu’en présence d’enjeux humains, économiques et environnementaux. De cette manière, la notion de risque recouvre à la fois le danger potentiel de catastrophe et la perception qu’en a la société, l’endommagement potentiel, comme celle de l’endommagement effectif.

Quels risques dans le Nevado de Toluca ?

Les risques naturels qui sont le plus souvent mentionnés par les habitants, les acteurs de la protection (Protection civile) et les scientifiques dans la zone du Nevado de Toluca sont les problèmes liés à l’érosion, hydrique surtout, et les glissements de terrain. Tous deux affectent principalement les infrastructures routières. Le Nevado du Toluca constitue un véritable château d’eau, étant la source de nombreux cours d’eau parfois torrentiels gagnant le bas des pentes, il est donc à l’origine de risques d’inondations, notamment dans la partie nord-est de Toluca et dans la ville de Lerma, traversée par le Rio Lerma, sujet à de fortes crues. De manière générale, le massif montagnard est fragilisé par les constructions humaines, les routes qui taillent la montagne en falaise (la matière première est prise dans des carrières creusées sur place) et les carrières à ciel ouvert qui tranchent des pans entiers de versants en plein cœur de la forêt et des champs à San Miguel et San Francisco Oxtotilpan.

Quelques risques naturels autour du Nevado de Toluca

Le risque comme perception

La question de la perception, de la vision sociale du risque est ainsi bien présente non seulement dans l’aire protégée du Nevado de Toluca, mais également dans les espaces proches : il ne faut pas oublier la menace, toujours réelle, du Popocatepetl, à 70 kilomètres de la ville de Mexico, l’une des plus grandes agglomérations au monde. Comme nous l’a ainsi dit Alfonso Ramos Corona, professeur de sciences environnementales à l’Université autonome de l’État de Mexico, « le risque est véritablement une perception sociale. Si une inondation a lieu dans une zone rurale, elle n’a pas de retentissement, tandis qu’elle en aura à Acapulco. C’est pareil pour les mines, qui seront perçues comme des éléments constitutifs du risque uniquement s’il existe de grandes infrastructures fréquentées à proximité. C’est pareil pour le gel ou le brouillard : ils sont des risques seulement s’ils ont un impact sur les populations ou les infrastructures construites par ces populations ». Ainsi, ce qu’on aurait pu percevoir comme risques dans le Nevado (risque volcanique, risque sismique) est en fait bien moindre face à des aléas ponctuels et variables, notamment en fonction des saisons : pluies, gel, brouillard, autant de conditions météorologiques, qui impactent directement et aléatoirement des espaces tantôt densément peuplés, tantôt vides d’hommes.

Le comportement « risqué » de l’homme

Si l’impact sur des enjeux humains est un élément inhérent au risque, il ne faut pas oublier que l’homme lui-même est acteur majeur du risque, non seulement naturel, mais aussi du risque anthropique. Les constructions et créations humaines peuvent ainsi constituer des aléas, c’est notamment le cas des usines et des centrales nucléaires. Mais l’homme, puisqu’il aménage et habite un territoire, est aussi source de sa propre vulnérabilité. Il suffit de se souvenir des catastrophes lors des grandes crues de fleuves ou de rivières, pendant lesquelles les fortes densités humaines dans des zones considérées comme « à risques » sont contestées, et dans lesquelles l’homme est plus que jamais soumis à la nature. De la même manière, on dit souvent que l’homme agit de manière « risquée ». Un tel terme apparaît alors comme révélateur d’un état de fait dans l’Aire protégée du Nevado de Toluca : visiteurs et habitants ignorent souvent le caractère hostile de la nature qui les entoure, ainsi que de leurs propres limites, de leur vulnérabilité. De cette manière, un aléa en apparence anodin (un petit brouillard, un virage serré, une vague de gel sur les routes en hiver) peut se transformer en catastrophe en cas de non-maîtrise par l’humain de son environnement immédiat et en cas de non-perception par l’homme du danger et de l’aléa présent.

BIBLIOGRAPHIE

  • Géoconfluences, « Vocabulaire et notions générales », « Risque(s) » [Disponible en ligne].
  • Géoconfluences, Jean-Louis Carnat, « Les risques, le risque : quels objets enseigner ? », 2010 [Disponible en ligne].
  • Hypergéo, Bernard Elissalde, article « Risque » [Disponible en ligne].
  • Meschinet de Richemond N. et Reghezza M., « La gestion du risque en France : contre ou avec le territoire ? », Annales de géographie, 2010/3 n° 673, p. 248-267 (notions générales sur la notion de risque) [Disponible en ligne].
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