Les objectifs généraux de l’atlas

Parmi les supports possibles de valorisation des travaux rendus par les étudiants, complétés par les reprises et contributions des chercheurs associés au projet, l’idée d’un atlas a rapidement émergé.
En effet, l’objet atlas nous a semblé correspondre à un triple objectif, scientifique, pédagogique, et « démocratique » :

  • Constituer une véritable vitrine du projet SELINA, ce qui devait contraindre les étudiants à respecter d’emblée certains canons de l’écriture scientifique (contextualisation bibliographique et théorique, notamment) et aussi les partenaires du projet à s’impliquer dans la relecture des rendus, la reprise des documents produits, et plus généralement dans l’ensemble du suivi jusqu’à la mise en ligne.
  • Mettre en valeur les compétences méthodologiques des étudiants, en particulier géomatiques, et ce de l’acquisition des données (enregistrements des traces GPS), des traitements SIG, jusqu’à la production de cartes finies et mises en page. Il s’agissait aussi de laisser une part d’imagination et de créativité aux étudiants, relativement libres quant aux formes d’organisation, de présentation, et d’interactivité des documents.
  • Laisser une trace durable du projet et du stage de terrain, quand bien même cela représente une vision à un temps t d’un espace restreint, une trace qui puisse survivre à la durée institutionnelle du programme de recherche. Il nous a paru important que le grand public au sens large (dont les habitants de Toluca et sa région) puisse consulter librement et facilement ce travail de synthèse sans céder à l’ennui.

Un atlas à vocation pédagogique


Le stage de terrain est l’occasion pour les étudiants de se confronter à l’observation du terrain, le GPS autour du cou, une caméra, un appareil photo ou une carte à la main. Le dialogue avec un enseignant (à droite) permet notamment de réfléchir à la maîtrise de ces outils.

La récolte de données orales, un travail technique ?


Pour les étudiants, le stage est aussi l’occasion d’apprendre à mener des entretiens semi-directifs. Très vite, la figure de l’enseignant s’efface pour laisser les étudiants mener seuls leurs entretiens, ce qui implique aussi de maîtriser la gestion de l’enregistreur…

Un atlas pour maîtriser les outils du géographe


Pour les étudiants en Master 1, la réalisation de l’atlas constitue à travers le stage de terrain un premier temps d’apprentissage du maniement des outils du géographe : ici, l’utilisation du GPS, le premier jour.
Même si initialement l’équipe avait pour ambition de réaliser conjointement un atlas papier en espagnol, l’effort collectif s’est principalement porté sur la création d’un atlas numérique, qui combinait des atouts pour chacun des trois points présentés ci-dessus :

  • Sur le plan scientifique, la visibilité d’un projet est largement accrue si sa valorisation passe également par internet, au-delà des articles scientifiques et rapports classiques. L’espace relativement circonscrit sur lequel portait le projet SELINA se prêtait bien à l’exercice de l’atlas, d’autant plus qu’il n’existait pas non plus de travaux récents et aussi global sur le Nevado de Toluca. Enfin, une rapide webographie nous avait montré qu’il existait encore assez peu d’atlas numériques au sens où nous l’entendions, ce qui pouvait donc constituer une production relativement originale.
  • Sur le plan pédagogique, l’atlas numérique permettait de donner à voir des formes de restitutions variées, combinant plusieurs médias, et censées traduire les compétences et savoir-faire en voie d’acquisition par les étudiants lors de leur année de M1 (bibliographie, sens de l’observation, esprit de synthèse, cartographie…). La formule Atlas permettait d’associer étudiants et chercheurs autour d’un objet commun, sans la prétention d’aboutir toujours à des comptes rendus d’une qualité scientifique en tous points solides, faute de temps consacré au projet par des étudiants souvent non hispanophones.
  • Sur le plan de l’accessibilité et du partage de connaissances, l’atlas en ligne permet de toucher le public le plus large possible. Que ce soit en France, au Mexique ou ailleurs, il est possible de consulter l’atlas via un ordinateur, une tablette voire un smartphone. Cette opportunité et cette exposition à tous et pour tous commandaient en retour d’avoir une organisation relativement simple de l’atlas, ni trop labyrinthique ni trop pointue scientifiquement. Nous espérons avoir trouvé les justes équilibres entre rigueur scientifique et communication grand public.

D’emblée, la masse des documents produits, sous forme de médias très divers (textes, cartes, figures, photos, vidéos, extraits sonores…), invitait à une restitution numérique. Le souhait de s’appuyer sur une interface web pour naviguer dans l’atlas s’est ensuite naturellement imposé, afin de favoriser les interactions entre pages web, de permettre des requêtes variées sur les documents, entre autres fonctionnalités.
Précisons que l’interactivité du produit fini est délibérément limitée. S’orienter vers un site plus dynamique eût nécessité des compétences informatiques bien plus avancées, au détriment peut-être des contenus et des analyses réalisées. Ainsi, le choix a été fait par exemple de ne pas se lancer dans la mise en place d’une interface WebSIG dans laquelle l’utilisateur aurait pu construire sa propre cartographie à l’échelle désirée.

Comme attendu dans un atlas de géographie, l’objet carte est évidemment central, mais les cartes présentées sont pour l’essentiel statiques, elles correspondent à des représentations pensées pour illustrer ou alimenter les synthèses rédigées par ailleurs.
Ce qui vaut pour l’objet carte vaut aussi pour les autres documents iconographiques. Chaque page donne à voir des images (au sens large) qui ont été préalablement et collectivement choisies ; l’exhaustivité ne constituait pas l’objectif, et d’innombrables photos voire d’autres cartes dignes d’intérêt ne figurent pas dans l’atlas.

Un atlas pour donner de la visibilité au projet


A partir de la cartographie réalisée notamment pour l’atlas, un poster a été réalisé et distribué ensuite aux autorités des ejidos lors de la restitution (mars 2016), en remerciement de leur appui tout au long du projet. Ici : restitution à l’ancien commissaire ejidal de Santa María Nativitas Tarimoro.

Un atlas en ligne, pour faciliter la diffusion


Présentation des résultats du projet et de l’atlas en ligne à l’Ecole secondaire General Lazaro Cardenas de l’ejido de San Mateo Almomoloa (réunion de parents), lors de la restitution du projet (mars 2016). L’atlas peut constituer une source de supports pédagogiques pour les écoles de l’Aire protégée de la Faune et de la Flore du Nevado de Toluca. Même si toutes les communautés n’ont pas accès à internet et malgré la connexion parfois défectueuse, les enseignants ont montré un vif intérêt à télécharger les documents de l’atlas, qui peuvent contribuer à faire connaître leur territoire aux enfants et adolescents de leurs classes.

Genèse et développement de l’atlas

Les contenus

En termes de contenus, nous avons souhaité largement dépasser les questionnements initiaux et bien identifiés du projet SELINA, pour développer une vision plus généraliste du territoire étudié, sans jamais, pour autant, perdre de vue les raisons qui nous avaient amenés à nous y intéresser.
En conséquence, l’atlas a en premier lieu été pensé et organisé selon une entrée thématique. La préparation du stage de terrain a consisté à répartir les étudiants par groupes, en leur laissant le choix de concentrer leurs travaux préparatoires sur des thèmes coconstruits avec nos partenaires mexicains.
A l’origine ce sont une quinzaine de thèmes qui avaient été identifiés, selon des appellations volontairement grossières et très générales : Paysages/Perceptions et représentations/Histoire/Eau/Forêt/Agriculture/Risques naturels/Pressions urbaines/Habiter le parc/Éducation/Violence/Transport, accessibilité, mobilités/Tourisme/Recatégorisation /Santé, enjeux sanitaires/Migrations.
Ces thèmes se sont ensuite précisés (sur le terrain notamment), affinés, et réorganisés au gré de leurs contenus et des équilibres généraux à trouver, jusqu’à aboutir aux dix grandes entrées actuelles.

Suite aux séances pré-stage et aux 10 jours passés sur le terrain à Toluca et ses environs fin octobre 2013, les étudiants disposaient ensuite de 4 mois pour faire fructifier leurs recherches et produire des résultats. Ce projet très spécifique à l’année de formation 2013-2014 s’inscrivait pour les Masters 1 parmi d’autres cours et rendus, et le fruit de leur travail ne pouvait au mieux consister qu’en des restitutions sous forme de dossiers de documents (par thématique et sous-thématique), organisés de telle sorte à constituer de futures pages internet. Chaque groupe se devait finalement de présenter l’architecture générale à laquelle il avait pensé pour ses pages sous forme de diaporama, ce qui a pu ultérieurement poser problème lors du passage à des contenus web.
Inévitablement, chaque thème n’a pu être traité de façon aussi rigoureuse et complète, ces déséquilibres pouvant s’expliquer par la prédominance de certains thèmes par rapport à d’autres, selon les problématiques de l’aire protégée, mais aussi de thèmes qui ont pu être plus profondément travaillés de par la connaissance de la langue ou de la participation de membres de l’équipe ou d’étudiants investis durablement dans le projet (mémoires de master par exemple). Malgré la grande qualité du travail des élèves et leur forte implication dans le projet, certains déséquilibres ou contributions trop lacunaires ont été corrigés a posteriori, en agrégeant ensemble plusieurs thèmes initiaux par exemple.
Dans tous les cas, les enseignants-chercheurs membres de l’équipe SELINA avaient comme charge de relire, compléter, corriger les rendus afin que les données mises en ligne présentent une certaine homogénéité en termes de contenu et de qualité.
Outre ce rôle de relecteurs-correcteurs des membres de l’équipe, certain(e)s ont aussi pu contribuer plus largement à l’atlas, via la mise à disposition de dossiers de documents sur des thèmes complémentaires travaillés dans des recherches en lien avec le projet (masters, thèses, séjours thématiques).

La phase de recueil, de compilation et de reclassement des multiples dossiers de documents, de même que l’harmonisation nécessaire pour certains d’entre eux, a été sous-estimée et n’aurait pu aboutir sans l’aide et l’investissement d’étudiants-stagiaires de 2015 à 2016. Un important travail (merci à Emmanuel Faure !) de constitution de base de données (un millier de documents à référencer), mais aussi de retouche et standardisation des cartes — ainsi que la création de nouvelles —, s’est en particulier avéré nécessaire. De même, l’attribution de mots clés (tags) à l’ensemble des documents, et l’intégralité des dernières vérifications, corrections, et ajouts en vue de leur publication sur le web (merci à Anne-Lise Boyer !) constituaient encore des étapes obligatoires avant intégration au site.

La supervision et l’enchainement de ces différentes tâches ont certes altéré les productions brutes des étudiants, mais nous espérons avoir conservé l’esprit de chaque planche initialement proposée, en veillant au final à la cohérence de l’ensemble.

La mise en place du site

Les étapes précédemment exposées, sans mentionner les obstacles et contretemps rencontrés, nous ont imposé malgré nous un délai dommageable avant la mise en ligne proprement dite, alors même que nous l’avions presque envisagée dans la foulée des contributions reçues et de leurs évaluations.
Ainsi, les premières maquettes de ce que pouvait être le site et l’atlas avaient été réfléchies et débattues avec les élèves et les partenaires du projet dès le retour du terrain. Parmi les premières questions posées, figuraient notamment le choix du nom du site, le design de la page d’accueil, le nombre de rubriques, les types de pages, les possibilités de recherche dans le site, etc.
L’architecture du site imaginée alors, sans être radicalement bouleversée, a subi de grandes contorsions, en raison de notre méconnaissance initiale des systèmes de gestion de contenu (CMS) et par manque de moyens consacrés à l’intégration web.
La publication des documents dans la dernière ligne droite du projet (ainsi que les tout derniers choix formels et esthétiques) a pu s’accélérer grâce à des collaborations heureuses et inattendues (merci à Caroline Dangléant !).
Entre autres évolutions, le rubriquage prévu au départ (Accueil/Thèmes/Espaces/Médias/Projet SELINA /Glossaire/Moteur de recherche) a été simplifié pour ne conserver que les quatre rubriques actuelles. De même, alors que nous avions identifié 4 modèles types de pages d’atlas (selon le nombre, la hiérarchie et la variété des documents présents), cette différenciation s’avère assez factice au final, chaque page ayant été retravaillée et réagencée en fonction de son contenu.

Certaines des fonctionnalités envisagées à l’origine du projet ont, en revanche, pu être mises en œuvre, comme un moteur de recherche performant. Au-delà d’une recherche en plein texte dans l’ensemble des zones de texte, ce qui ne permet pas d’interroger la riche iconographie de l’atlas, nous souhaitions offrir la possibilité d’identifier des documents en fonction de mots-clés prédéfinis. Une telle opportunité peut intéresser quiconque voulant accéder à des documents (voire les visualiser et les télécharger) selon des critères thématiques ou géographiques (plusieurs dizaines), de même que par type de média (carte, photo, vidéo…). Pour ce faire, chaque document a été tagué par une série de mots-clés (dans la limite de 7 : 2 géographies et 5 thématiques), le moteur de recherche permettant de combiner plusieurs critères.

La mise en place de l’interface de requête (qui associera aussi à terme une entrée par nuage de mots ou par carte interactive), le design de la page d’accueil, ainsi qu’un meilleur usage des secrets de conception du gestionnaire de contenu Ksup, ont été rendus possibles par l’appui du Pôle ENS-MEDIAS (un merci tout particulier à Pascal Duchanaud !).

Et bien évidemment, à cette heure, tout n’est pas encore terminé, ni opérationnel, ni traduit…
To be continued…
Continuará...
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