Le sud du parc du Nevado de Toluca constitue-t-il une marge ?
Si l’éloignement du sud du parc par rapport à Toluca doit être relativisé par la présence de l’autoroute, il n’en reste pas moins que cette partie du parc entretient des liens bien moins importants avec la ville que les zones nord-est et est de la région. D’abord, l’éloignement impose des temps de trajet allant de 1 h à 1 h 30 en moyenne pour rejoindre Toluca, sur des routes goudronnées souvent dégradées ou de simples pistes de terre et de cailloux avant de rejoindre l’autoroute sur la frange est du parc. De plus, les populations rurales, majoritaires au sud du parc, sont souvent les plus pauvres et ne possèdent qu’occasionnellement un véhicule personnel. Les habitants sont donc largement dépendants des moyens de transports collectifs, moins onéreux. Ainsi, le partage de taxi est une solution pour certains. Le bus reste toutefois le moyen de transport le plus économique. Mais les tarifs en vigueur sont souvent trop élevés pour les habitants des communautés rurales du sud, ce qui contraint la mobilité de certains. De plus, l’organisation des autobus est moins efficace au sud du parc avec des fréquences de passage dans les communautés rurales d’une à deux heures. De plus, certaines communautés ne sont pas du tout desservies par le bus. Seules les communautés urbaines du sud du parc bénéficient d’une fréquence de passage des bus comparable à celles des communautés périurbaines de Toluca.
Les communautés situées au sud du parc sont de ce fait marginalisées dans leur rapport à Toluca, surtout en ce qui concerne les communautés rurales. Si la ville continue de capter des mobilités provenant du sud du parc, son influence est beaucoup moins importante et plus ponctuelle dans ce secteur. Les mobilités de travail sont les plus visibles, mais elles ne concernent la plupart du temps que quelques habitants sur l’ensemble des communautés et s’effectuent de manière hebdomadaire, les hommes partant travailler la semaine à Toluca et revenant le week-end. Les autres formes de mobilités en direction de Toluca sont généralement ponctuelles (courses, services spécialisés tels que l’hôpital) ou engagent un départ définitif de la communauté (études supérieures).
On constate cependant que si le sud du parc dispose d’un accès réduit à Toluca, notamment en ce qui concerne les communautés rurales, il ne constitue pas une marge pour autant, car il s’appuie sur d’autres pôles qui contrebalancent l’attraction supposée de la ville. En effet, force est de constater que les communautés rurales développent des pratiques mobilitaires propres et s’orientent le plus souvent vers les pôles urbains secondaires que constituent par exemple Texcaltitlan ou Ixtapan de la Sal pour bénéficier des services qui n’existent pas sur place. Texcaltitlan semble avoir un statut de pôle à l’échelle locale pour les communautés du sud, et nombreuses sont les populations à y faire leurs courses hebdomadaires au lieu de se rendre à Toluca. Les mobilités entre les communautés sont également une alternative.
Dans la partie sud du parc, le sentiment de dépendance par rapport à Toluca est infirmé par les pratiques mobilitaires constatées, les habitants ne revendiquant souvent pas le besoin de se rendre à Toluca, ponctuellement ou définitivement. Cela dit, il reste difficile de présenter un panorama précis du sentiment de dépendance ou d’enclavement des populations du sud du parc, celui-ci variant selon certains facteurs : âge ou situation socio-économique.
Un réseau d’autobus encore insuffisant
Le bus est le moyen de transport le plus économique pour les communautés du parc. Il constitue l’alternative la plus courante à la voiture ou au taxi. Il devrait donc permettre un accès plus démocratisé des communautés du parc au pôle urbain de Toluca. Mais la desserte en direction de la ville est inégale et ne se révèle relativement efficace que pour les communautés urbaines. Les communautés rurales elles, et en premier lieu celles du sud-ouest, ne bénéficient que d’un service rudimentaire. L’usage du bus par les communautés se révèle donc être un facteur de discrimination pour l’accessibilité des populations à la ville de Toluca.
Au nord-est du parc, les communautés bénéficient d’un service dynamique avec des passages de bus toutes les 20 à 30 min pour des tarifs s’étalant de 10 $ à 15 $. On constate que plus on s’éloigne de Toluca, plus les prix augmentent (voir les communautés San Pedro Tlanixco, de Zacango, Coatepec Harinas). Cependant au sud, les fréquences de passages sont largement inégales entre les communautés urbaines et rurales. On relève des fréquences allant de 20 à 30 min pour les communautés constituant les pôles urbains secondaires du sud, tandis que les communautés rurales, elles, voient ces fréquences évoluer à un passage toutes les heures, voire toutes les deux heures. En outre, toutes les communautés rurales ne sont pas desservies et l’organisation du service reste rudimentaire : il n’y a souvent pas de panneau indiquant l’arrêt du bus. Les tarifs et la fréquence de passage des bus révèlent donc une inégalité entre les communautés dans leur accessibilité à Toluca selon deux critères : leur urbanité ou leur ruralité, et leur localisation nord ou sud.