Les mobilités des communautés, la diversité des pratiques

Les communautés périurbaines entretiennent des liens importants avec Toluca : les logiques des communautés du nord-est et de l’est du parc

Deux secteurs se distinguent à cet égard : d’une part, les communautés situées en périphérie directe de Toluca, et d’autre part, celles longeant l’autoroute sur la frange est du parc. Dans ces deux zones, remarquables par la primauté de l’urbanité, les mobilités sont largement concentrées en direction de Toluca.
Confrontés à un problème de chômage récurrent, les habitants des communautés en périphérie de Toluca cumulent le plus souvent deux emplois dont l’un est généralement situé à Toluca. Les mobilités de travail sont les plus importantes dans ces espaces et se manifestent par des migrations pendulaires fréquentes pour les hommes, tandis que les femmes occupent le plus souvent un rôle au foyer. La dominante masculine étant un leitmotiv dans les mobilités de travail de l’ensemble du parc. Les mobilités concernent aussi les études, les loisirs ou les achats.

Ainsi, en moyenne, les habitants des communautés directement périphériques se rendent entre une et deux fois par semaine à Toluca. L’accessibilité à la ville est facilitée d’une part par sa proximité en termes d’espace (temps d’un trajet moyen vers Toluca : entre 20 et 30 min), et d’autre part par l’accès relativement bon des habitants aux moyens de transport personnel ou collectif. Si une bonne partie des habitants de ces communautés urbaines possèdent un véhicule personnel, le bus reste le moyen de transport le moins onéreux et le plus accessible, avec en moyenne un passage toutes les 30 min pour un prix avoisinant une quinzaine de pesos.

Pour les communautés longeant la frange est du parc entre Calimaya et San Pedro Tlanixco, la distance plus importante par rapport à Toluca ne joue quasiment pas sur le temps de trajet jusqu’à Toluca (entre 20 et 40 min). L’autoroute joue à cet égard un rôle primordial dans les logiques mobilitaires. L’accessibilité est donc plus un enjeu économique que géographique. Cette constatation permet de nuancer la relation supposée entre la distance géographique et l’accessibilité à Toluca. Il faut toutefois noter que la distance implique une augmentation importante des tarifs d’autobus (63 $ depuis San Pedro Tlanixco) qui contraint assurément les mobilités de certains.

Le sud du parc du Nevado de Toluca constitue-t-il une marge ?

Si l’éloignement du sud du parc par rapport à Toluca doit être relativisé par la présence de l’autoroute, il n’en reste pas moins que cette partie du parc entretient des liens bien moins importants avec la ville que les zones nord-est et est de la région. D’abord, l’éloignement impose des temps de trajet allant de 1 h à 1 h 30 en moyenne pour rejoindre Toluca, sur des routes goudronnées souvent dégradées ou de simples pistes de terre et de cailloux avant de rejoindre l’autoroute sur la frange est du parc. De plus, les populations rurales, majoritaires au sud du parc, sont souvent les plus pauvres et ne possèdent qu’occasionnellement un véhicule personnel. Les habitants sont donc largement dépendants des moyens de transports collectifs, moins onéreux. Ainsi, le partage de taxi est une solution pour certains. Le bus reste toutefois le moyen de transport le plus économique. Mais les tarifs en vigueur sont souvent trop élevés pour les habitants des communautés rurales du sud, ce qui contraint la mobilité de certains. De plus, l’organisation des autobus est moins efficace au sud du parc avec des fréquences de passage dans les communautés rurales d’une à deux heures. De plus, certaines communautés ne sont pas du tout desservies par le bus. Seules les communautés urbaines du sud du parc bénéficient d’une fréquence de passage des bus comparable à celles des communautés périurbaines de Toluca.

Les communautés situées au sud du parc sont de ce fait marginalisées dans leur rapport à Toluca, surtout en ce qui concerne les communautés rurales. Si la ville continue de capter des mobilités provenant du sud du parc, son influence est beaucoup moins importante et plus ponctuelle dans ce secteur. Les mobilités de travail sont les plus visibles, mais elles ne concernent la plupart du temps que quelques habitants sur l’ensemble des communautés et s’effectuent de manière hebdomadaire, les hommes partant travailler la semaine à Toluca et revenant le week-end. Les autres formes de mobilités en direction de Toluca sont généralement ponctuelles (courses, services spécialisés tels que l’hôpital) ou engagent un départ définitif de la communauté (études supérieures).

On constate cependant que si le sud du parc dispose d’un accès réduit à Toluca, notamment en ce qui concerne les communautés rurales, il ne constitue pas une marge pour autant, car il s’appuie sur d’autres pôles qui contrebalancent l’attraction supposée de la ville. En effet, force est de constater que les communautés rurales développent des pratiques mobilitaires propres et s’orientent le plus souvent vers les pôles urbains secondaires que constituent par exemple Texcaltitlan ou Ixtapan de la Sal pour bénéficier des services qui n’existent pas sur place. Texcaltitlan semble avoir un statut de pôle à l’échelle locale pour les communautés du sud, et nombreuses sont les populations à y faire leurs courses hebdomadaires au lieu de se rendre à Toluca. Les mobilités entre les communautés sont également une alternative.

Dans la partie sud du parc, le sentiment de dépendance par rapport à Toluca est infirmé par les pratiques mobilitaires constatées, les habitants ne revendiquant souvent pas le besoin de se rendre à Toluca, ponctuellement ou définitivement. Cela dit, il reste difficile de présenter un panorama précis du sentiment de dépendance ou d’enclavement des populations du sud du parc, celui-ci variant selon certains facteurs : âge ou situation socio-économique.

Un réseau d’autobus encore insuffisant

Le bus est le moyen de transport le plus économique pour les communautés du parc. Il constitue l’alternative la plus courante à la voiture ou au taxi. Il devrait donc permettre un accès plus démocratisé des communautés du parc au pôle urbain de Toluca. Mais la desserte en direction de la ville est inégale et ne se révèle relativement efficace que pour les communautés urbaines. Les communautés rurales elles, et en premier lieu celles du sud-ouest, ne bénéficient que d’un service rudimentaire. L’usage du bus par les communautés se révèle donc être un facteur de discrimination pour l’accessibilité des populations à la ville de Toluca.
Au nord-est du parc, les communautés bénéficient d’un service dynamique avec des passages de bus toutes les 20 à 30 min pour des tarifs s’étalant de 10 $ à 15 $. On constate que plus on s’éloigne de Toluca, plus les prix augmentent (voir les communautés San Pedro Tlanixco, de Zacango, Coatepec Harinas). Cependant au sud, les fréquences de passages sont largement inégales entre les communautés urbaines et rurales. On relève des fréquences allant de 20 à 30 min pour les communautés constituant les pôles urbains secondaires du sud, tandis que les communautés rurales, elles, voient ces fréquences évoluer à un passage toutes les heures, voire toutes les deux heures. En outre, toutes les communautés rurales ne sont pas desservies et l’organisation du service reste rudimentaire : il n’y a souvent pas de panneau indiquant l’arrêt du bus. Les tarifs et la fréquence de passage des bus révèlent donc une inégalité entre les communautés dans leur accessibilité à Toluca selon deux critères : leur urbanité ou leur ruralité, et leur localisation nord ou sud.


« Fais attention à l’eau. Lave ta voiture avec de l’eau et une cuvette » : la voiture individuelle reste donc un moyen de transport incontournable pour accéder aux espaces du Nevado de Toluca. Ce dessin incite les habitants à diminuer leur consommation d’eau quand ils souhaitent laver leur véhicule, en utilisant une bassine.

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