Dans la décennie 1980-1990, Mexico, peuplée de 22 millions d’habitants, 2e plus grande agglomération du monde après Tokyo, apparaissait comme la synthèse des fantasmes et des craintes liées à l’expansion urbaine incontrôlée dans les pays du « Sud ». La capitale domine une très large aire d’influence et polarise le centre du pays qui se traduit par des processus de déconcentration des activités et des populations dans un rayon de 250 km. Cependant, cet espace présente des contrastes du fait d’évolutions différenciées entre campagnes peuplées, espaces marginalisés ou modernisés (Carroué et Collet, 2012). La métropolisation favorise-t-elle la ségrégation ? Comment ces différentes formes de pression affectent-elles Toluca et l’aire protégée du Nevado de Toluca ?
Qualifiée de « monstruopole » ou encore de « fille de l’Apocalypse » (J.Monnet, 1993), Mexico, si elle compte plus de 17 millions d’habitants et 18 % de la population du pays, loin d’être le dernier avatar stigmatisé d’une croissance urbaine dévorante et impossible à freiner, semble bien s’être engagée dans des processus qui concernent l’ensemble des très grandes villes du monde. Ces « villes mondiales » (S.Sassen, 1991) connaissent ainsi des dynamiques de métropolisation. Selon F.Ascher il s’agit de fabrique de territoires étendus, discontinus, unis par des systèmes migratoires et de production. Il définit la « métapole », c’est-à-dire l’ensemble des espaces engendrés par la métropolisation comme l’ensemble des espaces, dont une partie des habitants, des activités économiques ou des territoires, sont intégrés dans le fonctionnement quotidien d’une métropole. C’est certainement le cas de Toluca, pôle métropolitain secondaire au sein de l’ensemble urbain polarisé par Mexico, qui déborde désormais les limites administratives du District fédéral, et dont Mike Davis prévoyait l’engloutissement à l’horizon 2030.