Le Nevado de Toluca, fournisseur en eau à plusieurs échelles : logiques générales et fonctionnement des réseaux d'approvisionnement

Il semble aussi pertinent de dépasser l’ensemble des communautés du Nevado comme échelle d’analyse : le château d’eau du Nevado alimente en eau la vallée de Toluca et le District fédéral. On peut voir quelles ressemblances surgissent entre les fonctionnements des réseaux d’approvisionnement parmi les communautés du Nevado.

Le Nevado, fournisseur en eau de Toluca et Mexico

Les réserves en eau du Nevado de Toluca échappent en partie à cet espace, sans pour autant induire des situations de déficit hydrique pour les communautés qui vivent à l’intérieur de l’Aire protégée. L’agglomération de Toluca et le District fédéral consomment une partie de l’eau du Nevado. D’importantes infrastructures d’approvisionnement hydrologique, mises en place par la Conagua, permettent l’acheminement des lieux de production hydrique vers les lieux de consommation. La construction de ces infrastructures a eu lieu à une période de croyance en la capacité de l’ingénierie hydraulique à dompter la nature. Cependant, l’écho actuel des problématiques environnementales remet en cause ce paradigme ingénieurial, surtout dans le cas de la Région hydrologique de Lerma, qui correspond à la vallée de Toluca. La forte contamination du Rio Lerma et des nappes phréatiques souterraines de la vallée, due à la pollution par les industries de Toluca explique l’abandon par la Conagua des projets de construction de nouveaux barrages et aqueducs pour approvisionner la zone métropolitaine de Mexico. L’absence d’une politique intégrant les parties haute et basse du fleuve (avec Toluca en amont, Guadalajara en aval) est source de conflits et tensions.
Outre la pollution des aquifères du bassin de Lerma, leur surexploitation est également un facteur explicatif de la diminution de la part du bassin de Lerma dans l’approvisionnement de Mexico. En 1982 la Conagua met en place un autre système, celui de Cutzamala, qui supplante rapidement celui de Lerma dans l’approvisionnement en eau de la capitale fédérale. Le système du Cutzamala est en grande partie alimenté par l’eau du bassin versant du Balsas, provenant en majorité du Nevado. Ce transfert en eau des bassins fournisseurs vers Mexico ne se fait pas sans désaccord, tant dans le bassin versant du Lerma que du Balsas. En effet, les populations de ces bassins ont rendu public leur désaccord avec la politique de transfert d’eau.
Désormais, le bassin versant du Lerma est soumis à une autre pression : la croissance urbaine élevée de l’agglomération de Toluca qui induit un accroissement des besoins en eau (croissance démographique et développement industriel).



Les chiffres sur l’approvisionnement en eau de la ville de Mexico sont objets à débat. Selon Diaz Delgado, la part d’approvisionnement en eau des bassins extérieurs est inférieure à 25 %.


La Conagua est historiquement l’acteur central dans l’approvisionnement en eau du District fédéral : le barrage Antonio Alzate et l’aqueduc du Haut-Lerma, construit en 1951, font partie des grands ouvrages réalisés par l’État fédéral. Cependant, la croissance urbaine de Toluca et son développement industriel marquent l’entrée en jeu d’autres acteurs responsables de l’approvisionnement : les municipes obtiennent des concessions pour construire des puits, tandis que les acteurs industriels mènent leur propre politique afin de se procurer l’eau nécessaire à leurs activités. On peut noter que le prix de l’eau dans une communauté rurale des versants du Nevado comme San Francisco Oxtotilpan est de 25 pesos par an par famille quand il est de 12 000 pesos par an par famille à Toluca. Les acteurs institutionnels peinent à suivre les rythmes de la croissance urbaine avec son lot de constructions informelles. Des puits clandestins voient le jour dans certaines zones de l’agglomération. Dès lors, la localisation des puits et leur nombre ne peuvent être qu’approximatifs.
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