San Francisco Oxtotilpan, située dans le municipe de Temascaltepec, constitue un exemple riche, révélateur des caractéristiques de la région du Nevado de Toluca, mais aussi un cas particulier, lié à son statut de communauté indigène. La communauté vit de l’agriculture et des activités minières, l’Eglise organise et contrôle une large part de la vie quotidienne. Considérée comme une communauté calme, la situation s’est néanmoins dégradée avec l’implantation progressive des cartels dans la région du Nevado à partir de 2010. Le système éducatif est bien implanté dans la communauté : en effet, en plus des fonds alloués par le gouvernement, la municipalité dispose de l’aide financière de programmes fédéraux pour le maintien de la culture indigène matlatzinka.
Un réseau éducatif dense et efficace
San Francisco Oxtotilpan dispose d’un réseau éducatif dense, avec deux écoles maternelles, deux écoles primaires, une telesecundaria et un colegio de bachilleres (un lycée) à la sortie du village. L’école primaire Emiliano Zapata compte par exemple deux professeurs pour 148 élèves, qui suivent des cours tous les jours de 8 h à 14 h, selon les horaires du turnomatutino. Dans cette école, comme dans le reste de la communauté, la quasi-totalité des enfants poursuit leur scolarité jusqu’à la fin de la secundaria.
Si environ 15 % des élèves poursuivent jusqu’au lycée, ils ne sont plus qu’une poignée chaque année à tenter leur chance à l’université, à Toluca ou à Mexico. La raison de cette déscolarisation plus ou moins précoce est évidente pour les habitants, pour qui passés 15 ans, « il faut gagner de l’argent ». Néanmoins, la scolarisation jusqu’à la fin de la secundaria place San Francisco Oxtotilpan parmi les communautés à la scolarisation la plus aboutie. Ce bon équipement scolaire peut en partie s’expliquer par la particularité culturelle de la communauté. En effet, elle est la dernière de la région à parler le matlatzinka, encore très parlée par les populations âgées, mais qui semblent se perdre peu à peu selon le delegado. Cependant, plusieurs signes témoignent de la persistance de cette langue. Tout d’abord, si les enfants du village communiquent principalement en espagnol, ils intègrent à leur lexique quelques mots piochés dans le vocabulaire matlatzinka. Cette vitalité est soutenue par l’État fédéral, qui subventionne des projets de soutien à la culture matlatzinka, avec la création d’un centre culturel dédié à la culture indigène, et un enseignement spécifique. En effet, tous les vendredis, un professeur vient donner un cours de langue matlatzinka aux élèves de l’école primaire, ce court est aussi ouvert aux adultes de la communauté. Le matlatzinka est une composante incontournable de la communauté, et se transmet aussi et surtout dans le cadre familial, comme nous le confirment les habitants. Les grands-parents jouent ainsi un rôle déterminant pour la transmission de la langue et de la culture.