L'essor de l'écotourisme à l'extérieur des limites de l'aire protégée : des réalisations et projets locaux récents


Valoriser les espaces naturels avec l’écotourisme

En dehors des limites de l’aire protégée, des réalisations en vue de promouvoir un tourisme alternatif au tourisme de masse ont été mises en place à l’initiative des municipes ces dernières années. Elles s’inscrivent dans un contexte plus général où des perspectives et des réflexions nouvelles sur le tourisme s’ouvrent, avec l’idée d’encourager un tourisme respectueux de l’environnement et des ressources locales des populations. Cet écotourisme est devenu ainsi le maître mot des projets de mise en valeur des espaces naturels à destination de visiteurs locaux. Il se fonde sur la découverte de la nature et le respect des écosystèmes.
Dans le cas du Nevado et de ses alentours, les richesses tant en termes de paysages que d’espèces animales sont nombreuses, que ce soient avec le cratère, les lagunes, mais également les chutes d’eau, ou avec des espèces rares à protéger comme le loup à col blanc ou le daim.

Les réalisations et projets touristiques locaux en cours cherchent à associer la pratique de loisirs et la préservation de l’environnement. L’objectif est de valoriser ces ressources dans le sens d’une connaissance partagée de ce patrimoine et d’une sensibilisation à sa préservation.
Des projets écotouristiques existent déjà et de nombreux sont en cours de réalisation. Tous sont tournés vers une valorisation du cadre naturel avec une dimension de protection de l’environnement clairement affichée. Les activités principalement proposées s’orientent vers le pique-nique, mais également le séjour dans des habitats typiques, ou encore les sports plus ou moins extrêmes, de la randonnée à la tyrolienne en passant par le vélo de montagne. Ainsi, à Cacalomacan à trente minutes de Toluca, un parc écotouristique a été créé avec la possibilité de camper, de louer des chalets, et de faire de la tyrolienne.
Le parc est également à l’instigation d’événements telle une réunion d’information à l’intention des cyclistes de montagne sensibilisant aux thématiques d’usage propre des installations, de protection ainsi que de sécurité des routes d’accès et des sentiers empruntés par les usagers.
Des projets sont en cours à Agua Bendita, en partenariat avec Amanalco, ou à El Capulin, et sont comparables.

De l’écotourisme au tourisme harmonieux

« Trouver un intérêt adéquat des ressources au profit des communautés »

(Rocio Serrano Barquin, Docteur spécialiste du tourisme)

Afin d’aller plus loin dans cette valorisation propre d’héritages spécifiques, les universitaires et chercheurs en tourisme entreprennent ces dernières années de travailler avec les communautés implantées autour du parc afin d’encourager le « tourisme harmonieux ». Concept nouveau, en émergence, et plus opératoire que celui d’écotourisme, il vise la satisfaction des besoins des populations locales en combinant le tourisme aux autres activités sectorielles déjà existantes, ayant pour objectif à la fois la satisfaction des visiteurs, l’amélioration des conditions de vie des populations locales, et la constitution d’une estime de soi par la valorisation et la préservation des cultures locales et des traditions.

« Nous sommes contre les motos, mais nous essayons dans notre étude actuelle d’encourager la marche ou le vélo, de préférence dans des lieux où des pistes existent déjà pour éviter de couper des arbres »

(Rocio Serrano Barquin)

Les communautés autour des limites du parc sont en effet détentrices de monuments historiques admirables et d’héritages non matériels comme des savoir-faire artisanaux. Ainsi, le tourisme harmonieux s’appuie également sur le patrimoine culturel des communautés, afin que ces dernières prennent pleinement conscience de leur patrimoine, qu’elles en soient fières, le préservent et le fassent vivre par de nouvelles pratiques.

Les universitaires de l’Université de l’État de Mexico en partenariat avec la communauté de San Pedro Tultepec sont actuellement en passe de réinventer la valorisation touristique d’un espace en intégrant pleinement au processus les communautés locales, qui deviennent à la fois instigatrices et réalisatrices des projets, et à la fois utilisatrices et bénéficiaires.
L’échange entre les chercheurs et les membres de la communauté a pour objectif de réintroduire chez les habitants de la communauté le désir de se rendre régulièrement au parc, et ainsi de donner un second souffle à la tradition ancienne qui s’est perdue au fil des ans, tout en introduisant de nouvelles pratiques, comme l’admiration des étoiles, par exemple.

L’antagonisme entre patrimoine naturel et tourisme : la représentation des impacts possibles du tourisme


Les communautés du parc et de ses alentours s’opposent à une touristification du « poumon de Toluca » trop massive, qui avec ses infrastructures lourdes et ses touristes trop nombreux viendrait à détériorer le parc. À gauche de cette peinture réalisée par les habitants de la communauté de San Juan de Las Huertas, l’image représente le parc hypothétiquement envahi par un tourisme de masse qui engendrerait déforestation, épuisement des ressources en eau, contamination des sols par les ordures. L’image de droite représente l’avenir du parc souhaité par les communautés, c’est-à-dire sa préservation, où eau et forêt sont abondantes.

Zone archéologique de Teotenango à Tenango del Valle


Cette ancienne cité fortifiée a été fondée pendant les dernières années de la civilisation de Teotihuacan. Le site a été fouillé et mis en valeur à partir des années 1970.

Entre écotourisme et tourisme harmonieux : valoriser et préserver les ressources naturelles et culturelles dans le municipe de Coatepec Harinas

Depuis une dizaine d’années, le municipe de Coatepec Harinas a entrepris progressivement de mettre en valeur les héritages naturels et culturels, dans un souci à la fois d’engendrer des retombées économiques et de faire prendre conscience aux populations locales des richesses naturelles et culturelles de leur espace. En 2000, a ainsi été créé un parc écotouristique UMA (Unidad de Manejo y Aprovechamiendo de rida silvestre), et le processus s’est accéléré récemment, avec la construction de tyroliennes, et surtout avec la constitution d’une association en mars 2013, Unidospor el tourismo, regroupant 28 communautés au sud du parc et visant à encourager le développement d’un tourisme rural en s’appuyant sur les traditions des villages afin de les préserver non pas en les muséifiant, mais en les maintenant vivantes par la transmission aux jeunes générations.

À l’échelle du municipe, plusieurs sites existent aujourd’hui. Le contact avec la nature et les enjeux de préservation sont ainsi à l’honneur à Cochisquila avec le parc écotouristique et la présence de vastes espaces verts comptants de nombreux chemins de randonnée, tandis qu’à Agua Bendita des terrains pour camper ou loger dans des chalets et des fermes sont disponibles. À Las Mesas et Las Trojes, il est possible de faire du quad et de la tyrolienne. Les savoir-faire et les traditions font également l’objet d’une promotion avec à Acuitlapilco des fabrications artisanales, et l’existence de fêtes patriotiques nombreuses à l’échelle de tout le municipe, ainsi que la possibilité de visiter l’église de Coatepec, dans laquelle se rassemblent de nombreux habitants du municipe et de l’État de Mexico à l’occasion de la fête de la Vierge, le 12 décembre.

Les instigateurs et les pratiquants de ces activités sont essentiellement des populations du municipe. Ainsi le parc UMA accueille beaucoup de groupes scolaires, tandis que des sites remarquables quoique difficiles d’accès comme la cascade El Salto à l’est de Las Mesas sont visités par des familles habitant le municipe. Les projets sont donc à destination d’une population locale, et ne passent pas par des infrastructures lourdes, dévoreuses d’espaces et ayant un fort impact environnemental a priori. Le municipe est en train de créer une page internet afin d’encourager les pratiques plus récréatives que proprement touristiques chez les populations locales, à la fois dans le but de redécouvrir les espaces et les éléments de la culture locale, et d’engendrer des retombées économiques.

Pour aller plus loin :
Page communautaire sur Coatepec Harinas
La page Facbook de UMA Coatepec Harinas

Les fermes piscicoles

Une autre forme d’écotourisme répandue dans le parc : séjourner ou déjeuner dans des fermes piscicoles. Les photos ci-dessous ont été prises au Rancho Ecoturistico El Rincon, dans le municipe d’Amanalco. On peut y passer une nuit en cabanes ou en tente, y manger, pêcher. Des jeux pour enfants sont aussi à disposition.
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