Une offre de services encore embryonnaire
Au sein des limites de l’aire protégée, les capacités d’accueil pour les personnes et les véhicules, que ce soit pour l’hébergement ou le simple abri, la restauration, les parkings sont à la fois limitées et concentrées dans quelques espaces, en dépit des réalisations récentes en dehors des limites du parc. Rocio Serrano Barquin nous disait à ce titre : « On est en train d’imaginer un meilleur service touristique (…) il manque beaucoup d’infrastructures ». À cela s’ajoutent un manque d’information et l’absence de guides touristiques dans les espaces pourtant déjà fréquentés, comme le parc de Los Venados ou le cratère. Il manque donc un accompagnement des visiteurs. Enfin, l’accès à certains lieux n’est pas toujours aisé. Si la route traditionnelle allant de Toluca au cratère en passant par Raices est de bonne qualité, nombre de petits sentiers sont dégradés et souvent accessibles par quad uniquement. Lorsqu’on sait que 80 % des visiteurs viennent par leur propre moyen de transport, en voiture, les routes et les parkings sont de véritables enjeux à considérer pour développer la fréquentation.
La sécurité, et la qualité des services, enfin, sont encore à améliorer. Dès que l’on sort des sentiers battus, le risque est présent, ce qui peut dissuader les gens de venir dans le parc, et d’emprunter certaines pistes non goudronnées.
L’impulsion donnée au tourisme par les autorités avec le changement de catégorie
Si jusqu’à présent les autorités se sont peu souciées de mener des projets propres et durables à l’intérieur des limites du parc, les discours actuels dans le contexte de recatégorisation du parc du Nevado de Toluca marquent une rupture avec la tendance passée. En effet, les autorités ont redélimité les zones du parc, et affirmé que le tourisme de faible impact environnemental serait encouragé dans la zone basse du parc. Les modalités réelles des réalisations ainsi que le contenu précis de ce que la notion de « tourisme de faible impact » recouvrait étaient encore opaques lors de notre travail de terrain.
Toutefois, des espaces de discussion entre les autorités et les communautés situées à l’intérieur des limites du parc ont été instaurés. Les intérêts des uns et des autres semblent converger vers l’interdiction de projets trop lourds ayant un impact sur l’environnement. Il n’est donc pas question de construire de grands hôtels, de créer une station de ski sur les pentes du cratère (ce qui avait été envisagé ces dernières années) ou d’établir de nouveaux centres de population. Il semblerait donc que l’offre de services va faire l’objet de transformations, soit par amélioration des structures existantes, soit par la création de nouvelles structures visant à encourager la fréquentation touristique, dans la perspective d’un respect des ressources naturelles.
Les recherches doivent maintenant se concentrer sur l’initiative laissée aux communautés dans l’établissement et la réalisation des projets touristiques.
Les logiques anciennes et indépendantes du tourisme thermal à Ixtapan et du tourisme lacustre dans la Valle de Bravo : Un frein à l’émergence du Nevado comme lieu touristique ?
Située à 60 kilomètres au sud de Toluca, la petite ville d’Ixtapan de la Sal, dont les stations balnéaires sont alimentées par 8 sources, est une ville thermale dont le tourisme constitue le premier secteur économique. Le thermalisme y est ancien, puisque les sources auraient été découvertes à la jonction entre le XIVe et le XVe siècle de notre ère. Contrairement aux localités situées dans le parc où dans sa périphérie directe, Ixtapan possède des infrastructures touristiques notables. Outre les bains, elle possède un vaste parc aquatique équipé à la fois d’eaux thermales et de jeux aquatiques, un club de golf notable, ainsi que de nombreux hôtels parmi lesquels figurent des chaînes internationales célèbres. Par ailleurs, depuis 1997, la ville est intégrée au programme touristique des « 100 villes coloniales », qui désigne les villes au riche héritage colonial. Cette labélisation a encouragé la fréquentation de la ville et l’a convertie en un des espaces les plus attractifs de l’État de Mexico.
Depuis les années 60, Valle de Bravo est connu comme le lieu de repos de la classe privilégiée de Mexico. L’économie du village est en effet centrée sur le tourisme. Fréquenté par les populations urbaines de Mexico et Toluca, le weekend durant l’année, le village l’est encore plus lors d’événements importants à l’occasion de la nouvelle année, de la Semana Santa ou de festivals comme le festival Vallesano en mars ou le festival de Las Almas (septembre-octobre). Le Lac de Valle de Bravo, formé grâce au barrage Miguel Aleman construit en 1955, abrite 42 clubs nautiques. Voile, ski nautique, jet ski, navigation, pêche sont à l’honneur, ainsi que le parapente. Le village a à ce titre accueilli en 2009 les championnats du monde de parapente, et organise chaque hiver un open. Doté d’une ample offre hôtelière et d’une myriade de restaurants, le village abrite également la réserve écologique du Salto Velo de Novia. En 2009, il a été élu « village magique » par le Secrétariat du Tourisme, dans le cadre d’un programme instauré en 2001 distinguant les villages où l’expérience touristique est exceptionnelle et unique de beauté et de dépaysement.
Le Nevado a pour l’instant toujours vécu dans l’ombre de ces deux espaces équipés et fréquentés, aux ressources et activités proposées originales et dépaysantes. Néanmoins, situé directement en périphérie de Toluca, et facilement accessible depuis Mexico, le Nevado a un véritable potentiel, sinon touristique du moins récréatif, qui s’appuie sur des espaces naturels et des héritages culturels pouvant permettre aux populations urbaines de s’évader et de respirer en fin de semaine.